Dans cet ouvrage collectif, les auteurs enquêtent sur le concept de communauté transculturelle des voix migrantes, en se concen-trant principalement sur la littérature et le cinéma issus de la Corne de l’Afrique. Les écrivains et/ou les réalisateurs dont il est question ici sont liés quasi-uniformément par le thème de la diaspora et par la critique de l’expérience coloniale dans leurs pays d’origines. Comme les éditeurs l’annoncent dans l’introduction, l’ouvrage se divise en deux parties. La première partie, intitulée Cultural Issues : History, Nation Building, Italian Colonialism, and the Literatures of the Horn of Africa, aborde les aspects théoriques de ces littératures, mettant au centre du débat le rôle du colonialisme (surtout italien) et son influence sur les notions d’histoire, de patrie et d’apparte-nance culturelle.
À ce propos, l’article de Sara Marzagora, « On Either End of Modernity », au sujet de la romancière italo-éthiopienne Gabriella Ghermandi, apparaît particulièrement éclairant concer-nant la dialectique qui existe entre tradition et modernité, entre le vécu colonial et le présent de l’expérience postcoloniale.
Cet essai, comme d’autres dans cet ouvrage, met en évidence un contraste net entre un portrait souvent nostalgique et utopique du pays d’origine, et une vision ambiguë du nouveau monde, une société qui offre une meilleure qualité de vie mais dans laquelle le sujet diasporique expé-rimente fréquemment un sentiment de non-appartenance. À travers l’analyse du cinéma éthiopien contemporain, Alessandro Jedlowski souligne également l’écart entre l’illusion et l’expérience du réel.
La nouvelle génération de cinéastes diasporiques engagés peint, dit-il, un portrait dramatique des dangers de l’immigration illégale à tra-vers le Sahara ou la Méditerranée, et met en scène les conséquences tragiques qu’une telle démarche peut entraîner (nouvel esclavage, exploitation ou mort), bien à rebours du mythe de l’Europe comme pays de cocagne. [...]